tous ces fardeaux inutiles sur le rivage : à peine la barque pourra-t-elle vous recevoir en cet état. Veille donc, toi, Mercure, à n’admettre ici personne qui ne soit entièrement nu, et qui n’ait laissé, comme je l’ai dit, même son plus léger bagage. Debout auprès de l’échelle, examine-les, retiens-les, et ne laisse monter que ceux qui se seront dépouillés.
Mercure
Tu as raison, et je vais le faire. Quel est celui qui se présente le premier ?
Ménippe
Je suis Ménippe. Tiens, Mercure, voici ma besace et mon bâton ; jette-les dans le lac ! Pour mon manteau, je ne l’ai point apporté, et j’ai bien fait.
Mercure
Monte, Ménippe, le meilleur des hommes, et prends la première place, en haut, à côté du pilote, pour avoir l’œil sur les autres. Quel est ce beau garçon ?
Charmoléus
L’aimable Charmoléus de Mégare, dont le baiser valait deux talents.
Mercure
Eh bien ! laisse là ta beauté, tes lèvres et leurs baisers, ta chevelure touffue, l’incarnat de tes joues, et toute ta peau. Très bien ! te voilà leste ! monte à présent. Et celui-ci avec sa robe de pourpre, son diadème, cet air farouche ? Qui es-tu ?
Lampichus
Lampichus, tyran de Gela.
Mercure
Et pourquoi, Lampichus, tout cet attirail ?
Lampichus
Comment ! fallait-il donc, Mercure, qu’un tyran vînt ici tout nu ?
Mercure
Un tyran, non, mais un mort ! Dépose-moi tout cela.
Lampichus
Hé bien ! voilà ma richesse par terre.
Mercure
Jette aussi par terre ton orgueil, Lampichus, et ton air dédaigneux : ils chargeraient trop la barque, s’ils y montaient avec toi.
Lampichus
Mais laisse-moi au moins mon diadème et mon manteau.
Mercure
Non pas ; il faut les quitter aussi.
Lampichus
Et maintenant ? tu le vois, j’ai tout quitté.
Mercure
Et ta cruauté, et ta folie, et ton insolence, et ta colère, défais-toi encore de tout cela.
Lampichus
Hé bien ! me voilà nu !
Mercure
Monte à présent. Et toi, l’homme épais et charnu, qui es-tu donc ?
Damasias
Damasias l’athlète.