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La Kroumirie

du Nord, laquelle, séduite par la beauté d’un Marzoug alors tout jeune sous ses longs cheveux, s’éprit romanesquement de lui, s’enfuit avec lui, l’épousa malgré l’épouvante de la famille, et, pour toujours arrachée des siens, vécut désormais la vie des femmes kroumires, gourbi, lit de feuilles sèches, tatouage, henné, bracelets de pied et fagots sur le dos.

Je mentirais si je disais qu’elle mit le moindre drame dans son tranquille récit. Elle avait accepté l’existence qui maintenant était la sienne, et, vraiment, ne semblait rien regretter de son passé français.

Peu de temps après cette étonnante rencontre, nous quittions la Kroumirie, comme finissait octobre, pour nous diriger vers les forêts de l’Edough, en Algérie, où certaine école de marabouts pouvait fournir quelque élément intéressant à la documentation coranique du docteur Mardrus.