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La Syrie

oui, mais non moi. Une femme ne peut pas entrer dans le couvent. Mais on va nous apporter, dans l’ombre de ce bel arbre, tous les rafraîchissements qu’il faut.

À peine a-t-il parlé que, déjà, nous avons devant nous le plateau grand comme une table où sont disposés verres, boissons douces, confitures sèches, gâteaux et même cigarettes, dont le moine lui-même m’offre la première, en toute sérénité. Repos délicieux autant qu’inattendu.

Mais il n’y a pas quatre minutes que nous sommes là…

Une femme ne peut pas entrer dans le couvent, mais les moines peuvent en sortir. Nous sommes bientôt environnés de toute la communauté, — communauté catholique, nous apprend-on.

Mon mari parle. Les religieux sont prodigieusement intéressés, cercle de splendides barbes noires autour de nous. Et comme, d’où nous sommes, la vue plonge fort loin à même le paysage romantique :

— Oh ! que ton pays est beau !… dis-je, enthousiasmée, au supérieur assis à mon côté.

— Ô dame, me répond-il, c’est parce que tu y es.

Il me faut revenir quelques semaines en arrière pour raconter notre arrivée à Damas, car elle en vaut la peine.

Toujours fidèles à la méthode du docteur Mardrus, avant de nous préoccuper de rien d’autre nous avions commencé, laissant nos bagages à l’hôtel, par explorer la ville, n’ayant de guide que la seule fantaisie.

La belle histoire ne tarda pas.

Pourquoi cette-ruelle-ci plutôt qu’une autre ? C’était toujours comme si J. C. Mardrus eût flairé le merveilleux partout où il se trouvait.

Pourquoi, de même, leva-t-il les yeux vers la croulante muraille que nous longions, suivis d’une bande de petits musulmans dépenaillés ? Presque au sommet de cette muraille, trois grosses pierres saillaient, symé-