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El Arab

Un bon rire de la mère nous répond.

— Ce n’est pas une fille, dit-elle, c’est un garçon ! Il s’appelle Ascension.

— Un garçon, avec ces longs cheveux ? Explique-nous, ô femme !

Elle ne demande pas mieux.

Quand Ascension était tout petit, il a été si malade qu’on a cru qu’il allait mourir. Ses parents ont prié la Vierge. Ils ont promis, si leur enfant guérissait, qu’elle aurait un beau présent. « L’enfant a guéri. Alors nous avons laissé pousser ses cheveux, et, maintenant qu’ils ont atteint leur longueur, ils vont bientôt être coupés. On les placera dans un plateau de la balance, et, dans l’autre plateau, leur poids en pièces d’argent. Et cet argent sera pour l’autel de la Vierge. »


À force de chevaucher au hasard autour de Damas, nous nous sommes perdus dans la montagne. Et le conte de fées commence.

Des yeux, sans que nous le sachions, nous ont vus errer à la recherche d’un sentier possible. Un adolescent bigarré surgit, nous salue, et prend sans mot dire la bride de nos chevaux. Il n’y a qu’à se laisser faire. À la façon des Arabes, mon compagnon est d’avis d’entrer toujours dans les belles histoires sans demander d’explications.

Au bout de quelques pas, voici la piste introuvable. Nous grimpons avec confiance derrière notre conducteur.

Pour finir, il ne nous emmenait pas au château de la princesse, mais… dans un monastère.

Un moine impressionnant nous reçoit — en arabe. Il est vêtu de noir, ayant sur la tête, velours également noir, la coiffure même de Dante, ce qui fait plus pâle sa pâleur d’ivoire. Il nous dit comment il nous a vus du haut de cette terrasse, a compris que nous étions perdus. Son geste accueillant est une invitation à nous approcher plus avant. Mais, au moment de pénétrer dans le vaste bâtiment, il nous arrête avec un sourire. Mon compagnon