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La Haute Égypte

Louxor

La Haute-Égypte… Pas plus que je ne l’ai fait pour le Caire je n’entreprendrai d’en décrire et commenter les richesses mortes. Il ne s’agit ici que de souvenirs personnels et non d’égyptologie.

À peine étions-nous arrivés à Louxor et commencions-nous à fréquenter l’allée des sphinx, que nous fîmes la connaissance de M. Legrain, chargé par le Service des Antiquités de relever les ruines des grands temples de Karnak.

Étonnement ! Malgré l’orgueil de notre âge et toutes les conquêtes de son machinisme, c’est d’après la méthode même des époques pharaoniques que M. Legrain remettait debout les colonnes tombées et brisées qui jonchaient ce chantier doré, poussière de sable et soleil où nous aimâmes tant aller le voir diriger les travaux.

Comment l’avait-il retrouvée, cette méthode ? Elle consistait à faire monter, à mesure que les fragments de granit montaient eux-mêmes, une colonne jumelle de sable sur laquelle grimpaient les manœuvres, juchés ainsi côte à côte avec ce qu’ils réédifiaient. Terminée la restauration la colonne de sable était démolie, laissant l’autre, la vraie, la ressuscitée, s’élancer seule dans le bleu dur du ciel.

Les éperviers tournaient autour de l’énergique besogne, générations ailées issues en ligne directe de celles d’un incalculable passé.