aussitôt naître des faïences murales, et rien ne fut touchant comme les gestes respectueux et tendres avec lesquels il parvint à persuader la centenaire surexcitée de le suivre et de retourner au harem.
Tout le reste de la fête s’est effacé pour moi.
Le soir de la Noël 1910, fatigués d’avance du small-dancing qui durerait toute la nuit, nous étions montés de bonne heure dans nos chambres. Nous fûmes étonnés d’entendre peu après frapper à la porte. Ayant ouvert, quelle surprise ! Apparition surnaturelle dans la pénombre des couloirs, toute l’Égypte pharaonique en la personne de Sett Bamba de noir vêtue et voilée de blanc, ses yeux de nuit et d’incendie seuls apparents, puisque le reste du visage était caché.
— C’est ce soir la fête de ton Prophète, me dit-elle. Alors je t’apporte un cadeau.
Quand elle eut libéré ses bras trop chargés, il s’avéra que son cadeau de Noël consistait (ahurissante association) en un bocal de poissons rouges et un panier de pommes.
Elle ne voulut rester avec nous que juste le temps de m’apprendre la nouvelle.
— Depuis hier au soir Ouassîla est très malade. Sans doute va-t-elle mourir. Quel bonheur !
Il faut croire que la maladie de Ouassîla (informations prises, un simple rhume) n’avait rien de grave, puisque, huit jours plus tard celle-ci, dans l’après-midi du 1er janvier, vint à son tour, vêtue comme l’autre et chargée comme elle, frapper à la porte de notre appartement. Par bonheur nous n’étions pas encore sortis, venant à peine de déjeuner.
— Je sais quel cadeau Bamba t’a fait. Je t’apporte le mien, moi aussi !
Et, ce second cadeau, c’était… un bocal de poissons rouges et un panier de pommes.
Sa visite fut un peu plus longue que celle de sa rivale.