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Le Caire

tout entière d’Hébreux qui nous arrête. « Venez voir notre trésor ! » Nous entrons avec tous ces gens dans la synagogue. Ce qu’on va nous montrer, c’est un talmud écrit de la main même de Moïse. Les rouleaux développés, nous découvrons qu’ils sont dûment imprimés, chacun, dans le bas, portant la marque : made in Germany.


La tournée des merveilles n’est pas terminée ; car voici la petite église orthodoxe Saint-Georges, œuvre byzantine des premiers siècles de la chrétienté. Le copte qui nous accueille sous le porche : « Venez voir ! Nous avons une crypte ici, dans laquelle est descendue la Vierge Marie pendant la fuite en Égypte. Et, sur la dernière marche de l’escalier, elle s’est assise pour se reposer, avec l’Enfant-Jésus dans ses bras. » (N’oublions pas que cette crypte fut construite plusieurs siècles après la naissance du Sauveur.)

Ce copte de l’église Saint-Georges, je ne peux pas ne pas y revenir, car il devint de nos amis, et l’un des plus curieux que nous ayons eus.

Comme marguillier de Saint-Georges, il s’appelait Claudios. Mais Claudios n’était que son nom chrétien. Il en avait un autre qu’à nous seuls il révéla, de longues semaines après notre première rencontre. Claudios, nonobstant son complet-veston et son tarbouche, était la copie même de la momie de Sésostris qu’on voit au musée du Caire. Jamais ne furent aussi semblables les deux visages d’une paire de jumeaux. Il avait fini par le savoir, et ne s’en était pas trop étonné, car, depuis son enfance, des révélations sur son identité véritable l’avertissaient.

Né dans la Haute Égypte de parents assez instruits, à dix ans il arrive pour la première fois au Caire, et, devant le Sphinx et les Pyramides, inexplicablement foudroyé sur place, il tombe évanoui.