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L’Olympe de Bithynie

Les belles forêts de l’Anatolie… Ce mot, J. C. Mardrus me confia que, depuis l’enfance, il en était obsédé.

Or, nous avions à proximité, présence éternelle au-dessus de Brousse, portant le jour sur un de ses côtés et la nuit sur l’autre, cet Olympe de Bithynie où, précisément, s’étendait le plus épais des tentantes forêts.

Remonter à cheval pour aller les voir de près, une telle suggestion ne pouvait que faire ma joie. J’avais dans mes bagages tout ce qu’il fallait pour redevenir un petit garçon équestre.

Le consulat, non sans étonnement, nous fournit pour notre expédition six cavaliers bien armés, l’Olympe de Bithynie ayant la réputation d’être infesté de brigands spécialisés dans l’enlèvement des femmes.

Cet équipage me rappelait le Sud-Oranais, avec cette différence que, notre garde étant turque, pas un mot ne pouvait s’échanger entre les cavaliers et nous.


Nous quittâmes l’Hôtel d’Anatolie un matin dès l’aube, avec l’espoir d’arriver aux forêts avant midi. Nous emportions notre déjeuner.

J’avais déjà grimpé pas mal de montagnes, mais aucune aussi difficile que celle-là. La piste étant resserrée entre deux murailles de roches, les chevaux, ceux de nos Turcs et les nôtres, huit bêtes courageuses, avaient positivement à monter un escalier de géants. Car chaque marche, croulante était si haute qu’on pouvait se deman-


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