Le Figuig
Avant même le recul du temps (mise au net des brouillons du voyage), ce fut sur place, immédiatement, que je sentis, en passant à cheval cette haute porte cintrée, combien notre cavalcade devait ressembler à l’entrée des Croisés dans une ville sarrasine.
Figuig… Ce nom qui fait penser à un fruit mûr ou aux belles feuilles lisses des figuiers printaniers (bien qu’en arabe il signifie en réalité de l’eau qui jaillit), ce nom frais, ce nom charmant, ce nom lointain nous tentait depuis bien longtemps, et, dans notre esprit patient, reposait comme une promesse.
Promesse bien tenue, car, à nos yeux ardents, la république de Figuig s’avéra d’emblée cette magnifique oasis où s’éparpillaient, autour de la ville du gouverneur, de petits villages inattendus aux maisons d’argile. Et quel exotisme !
Nous allions enfin visiter des Arabes chez eux.
Franchie la porte féodale qui vient de tant m’impressionner, nous trouvons une ville ferme et saine, remarquable par son extrême propreté bâtie de ces constructions en terre cuite si caractéristiques et dont certaines, bien que tellement primitives, ne craignent pas d’avoir deux et même trois étages. Et, partout, ces palmes croisées au-dessus de la tête, et à travers lesquelles se découpe le ciel le plus beau du monde.
Quelquefois, dans des rues voûtées, l’obscurité se fait complète. Sur telle place publique, dans l’ombre des branchages, s’étale une grande pièce d’eau verte où