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elle y eût reçu dans une première attaque des menaces de mort.

Après cette superbe Chiffonnette qui affirmait à coups de couteau son honneur spécial, contresigné par plus de cinquante blessures, voici Mlle Pépé qui nous donne le sens d’un autre héroïsme ingénu, lequel ne transige pas plus que l’honneur de la convention sauvé par le duel ; elle s’esclaffe au nez de la fortune en la personne du galant entiché qui lui offre son nom très légitimement. Elle nargue sa chance trop facile et lui tourne le dos.

Aura-t-elle jugé que cet honneur postiche d’être épousée la concernait peu, tandis qu’elle sentait un rôle à elle, unique et virulent qui la rappelait vers sa terrible Courtille ? Ou son dédain plus innocent a-t-il simplement mesuré l’ennui de nos mœurs exactes, fermées à tout incident glorieux ?

A-t-on vu quelle mysticité tient dans ce culte du risque ? Cette garce de dix-huit-ans aurait-elle hérité la seule foi qui vaille : Se garder vierge de la paix qui ternit avec patience l’acier de nos plus clairs mépris.

Or, la fille veut mépriser, car elle sait encore que toute vraie femme est de la race des chefs, et ces reines de la chaussée jouent du poignard pour qu’on en soit plus sûr. Cette apache au rire exorbitant est bien la dernière mystique.

L’amant riche qu’admit Mlle Pépé, ne lui sembla plus tolérable aussitôt qu’il prétendit convoler, « Va pour l’amour, avec toi, songeait-elle ; mais pour la vie ce serait long ! » Or, pour s’être pouffée au nez du mariage, pour cet ex-