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Écoutons la suite :

« Sans l’amour, la vie ne serait qu’une marche au silence.

Quel homme n’a souffert plus qu’il n’avait de souffle ?

Chacun souffre beaucoup plus qu’il ne peut. C’est par ce plus que nous passons les dieux ».

Ici, la grande angoisse sans espoir, le dies iræ des vivants : « Nous faudra-t-il pleurer sans en avoir la force ? Les malades aussi pleurent. Ceux qui n’ont pas de pain, n’en ont pas moins de peines. Et les vieillards et les mourants sont abordés en sus par le chagrin. Ô terre d’épouvante ! »

Mais Aurel est un chef. Elle veut aimer la vie quand même. Voici déjà le redressement. Il reste encore bien amer :

« Donnons pourtant de nos héroïques loisirs, donnons de nous, de notre force, donnons nous, et il restera bien au dieu qui aimera ne pas nous en punir ! »

L’ironie, suprême courage, revient à son tour :

« Les mots, à défaut de la vie, ont toujours réponse à tout. Et le délicieux et doux mot « malheureux » dit bien que, se