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sur la table, que les enfants impatients frappent les assiettes de leur cuiller, et que la ménagère inquiète est déjà deux fois venue regarder au seuil de la porte : c’est la famille.

« Alors nous inclinons cette tête rebelle, nous nous acheminons à pas lents vers le grand bercail ; puis nous hâtons la marche, et, en rentrant dans la commune, l’homme social, le citoyen a complètement repris conscience de ses devoirs’! »

Cette pensée ne serait pas complète, si nous n’ajoutions que, pour certains hommes, une course dans les bois est un calmant sans égal. Ceux-là sont des athlètes qui, dans le silence et l’isolement, savent puiser de fortes résolutions et rassembler leur vigueur défaillante. Mais pour quiconque ne sait pas dompter le mauvais esprit de la solitude, les bois voudront toujours dire : assassinat, viol ou suicide.

Puisque ces réflexions intimes autorisent la confidence des sentiments personnels, je ne crains pas de dire que les bois et autres beaux sites solitaires m’inspirent quelque sympathie secrète, mais peu de confiance ; je ne les crois pas très-bonnes à l’homme fiévreux des sociétés contemporaines. Ce cas presque spécial, et au total assez étroit, se rattache, selon moi, à un principe général qui fait, à tort ou à raison, partie de mes croyances : « La lutte est entre la nature et la

i Histoire de la seconde République française, t. I, Introduction.