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ce qui vaut mieux, des amants qui fuient l’œil des passants et des gardes. Mais, ô rimeurs, ô peintres, ô amants ! m’expliquerez-vous, au détour du chemin, ce sinistre pendu, dont l’ombre s’allonge en travers de la route, et qui, lui aussi, est venu choisir l’aimable solitude des bois et le vert rameau d’un chêne pour cette triste cérémonie’?’

On ne va donc pas au bois que pour y faire l’amour, que pour y chasser la rime ou le gibier. H y a donc au fond des bois quelque volupté secrète, quelque joie funèbre et mystérieuse pour le malheureux lassé de frayer avec les humains ! Ah ! pour qu’on prenne le parti de se pendre à cette branche sous laquelle deux amants se sont assis, croyez-moi, il faut que la solitude ne soit pas tout grâce, tout bonté, tout béatitude ; il y a des heures où elle m’apparaît plus amère que la mort. Elle évoque à certains jours le spectre des mauvaises résolutions. Elle se dresse comme une ironie en face de la société vivante et agissante. Elle lui envoie dans ses sauvages parfums comme un soupir de sa haine. Enfonçons-nous au fond de la forêt, plus au fond encore, et quand nous nous sentirons bien seuls, quand rien ne nous rappellera la vie sociale de cet animal politique que l’on appelle l’homme, quand nulle idée de devoir ne descendra des pleurantes ramées, nous penserons peut-être qu’il est un moyen d’esquiver le problème qui lasse notre courage ; nous grimperons, égaré, blême, à cet arbre où, joyeux enfant, nous montions dénicher des pies.