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Voyait distinctement, par l’ombre recouverts,
Le faune aux doigts palmés, le sylvain aux yeux verts,
Pan qui revêt de fleurs l’antre où tu te recueilles.
Et l’antique dryade aux mains pleines de feuilles.

Une forêt pour toi, c’est un monde hideux.
Le songe et le réel s’y mêlent tous les deux.
Là se penchent rêveurs les vieux pins, les grands ormes,
Dont les rameaux tordus font cent coudes difformes :
Et, dans ce groupe sombre agité par le vent,
Rien n’est tout à fait mort ni tout à fait vivant.

Le cresson boit ; l’eau court, les frênes sur les pentes,
Sous la broussaille horrible et les ronces grimpantes,
Contractent lentement leurs pieds noueux et noirs,
Les fleurs au cou de cygne ont des lacs pour miroirs ;
Et sur vous qui passez et l’avez réveillée,
Mainte chimère étrange à la gorge écaillée,
D’un arbre entre ses doigts serrant les larges nœuds,
Du fond d’un antre obscur fixe un œil lumineux.
0 végétation ! esprit ! matière ! force !
Couverte de peau rude ou de vivante écorce !

Aux bois, ainsi que toi, je n’ai jamais erré,