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Les voilà, ces sapins à la sombre verdure,
Cette gorge profonde aux nonchalants détours,
Ces sauvages amis dont l’antique murmure
          A bercé mes beaux jours.

Les voilà, ces buissons où toute ma jeunesse,
Comme un essaim d’oiseaux, chante au bruit de mes pas.
Lieux charmants, beau désert où passa ma maîtresse,
          Ne m’attendiez-vous pas ?

Ah ! laissez-les couler, elles me sont bien chères,
Ces larmes que soulève un cœur encor blessé :
Ne les essuyez pas, laissez sur mes paupières
          Ce voile du passé !

Je ne viens point jeter un regret inutile
Dans l’écho de ces bois témoins de mon bonheur ;
Fière est cette forêt dans sa beauté tranquille,
          Et fier aussi mon cœur.

Que celui-là se livre à des plaintes amères,
Qui s’agenouille et prie au tombeau d’un ami.
Tout respire en ces lieux ; les fleurs des cimetières
          Ne poussent point ici.