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Des sons vagues et doux errent autour de moi…
Je suis prêt à pleurer, et j’ignore pourquoi…

Ainsi la rêverie, en une douce extase,
Suspend après vos cils une légère gaze…
On renaît, on revit ses vingt ans, ses beaux jours’…
On se voit à côté des anciennes amours,
Dans le demi-jour vert d’une ombreuse avenue,
Enlaçant de son bras une taille connue
Dont la chaleur palpite encore sous les doigts..
On écoute en son cœur l’entretien d’autrefois…
On reconnaît les sons, les senteurs, le vent même..
On est seul à présent, et cependant on aime !…

Puis, le chaos ! — Des blocs et des entassements
De rochers désolés ; d’énormes ossements,
Des têtes et des bras et des jambes de pierre ;
Des granits prosternés qui semblent en prière !..

Comme ils souffrent, ces rocs, et hurlent de douleur,
Sans qu’on entende un cri, sans que paraisse un pleur !
Tout est calme autour d’eux : ils roulent immobiles
Dans leurs contorsions muettes et tranquilles !…
Leurs cris et leurs sanglots sont restés dans le vent !