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appelle la gloire, et il m’a écrit : a J’ai donné votre nom à un rocher ! » Ah ! pour le coup, je finirai par croire que les méchants et les sots ont eu raison de vouloir le faire interdire : M. Denecourt a eu une croyance unique ; il a été prodigue de son argent ; il est utile, il est modeste, il est naïf : il a donc toutes les qualités requises pour constituer un fou de bon aloi.

J’ai oublié deux noms qu’il vénère le plus possible, et j’avoue que je les vénère autant que lui-même. ce sont ceux de Voltaire et de Béranger. On les injurie, c’est de mode ; certains dévots voudraient poursuivre encore les os de celui qui est mort, et peut-être la personne de celui qui vit encore ; M, Denecourt donne leurs noms à ses arbres ; c’est une réponse qui en vaut bien une autre. — Je réclame toutefois un troisième chêne, celui du pauvre poëte du Myosotis. La forêt de Fontainebleau doit bien cela à cet Hégésippe Moreau qui, en s’échappant du séminaire d’Avon, la chantait si magnifiquement dans ces beaux vers :

Dans la forêt de pins, grand orgue qui soupire,
Parfois, comme un oracle interrogeant Shakespeare,
Je l’ouvrais au hasard, et quand mon œil tombait
Sur la prédiction d’Jphictone à Macbeth,
Berçant de rêves d’or ma jeunesse orpheline,
Il me semblait ouïr une voix sibylline.
Qui murmurait aussi : « L’avenir est à toi ;
Lu Poésie est reine. Enfant, tu seras roi ! »