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qu’on nous recommande d’être économe d’espace pour ce livre comme on le fait d’ordinaire pour une colonne de journal.

Mais ne trouvez-vous pas, entre nous, que cette pensée de marier des noms d’écrivains, de peintres et de musiciens à la figure d’un arbre, rappelle le charmant épisode des amours d’Angélique et de Médor dans le beau poëme de l’Arioste ? M. Denecourt écrit sur l’écorce comme l’amoureux de l’épopée ; et, chose curieuse, il aime surtout à tracer le nom des petits, des humbles, des modestes, de ceux qui naissent à peine à la renommée. A côté des réputations toutes faites que j’ai signalées, il met cent autres noms d’hommes jeunes qui seront l’avenir et l’honneur de demain. Entre les chênes consacrés à Chateaubriand, à Lamennais, à Lamartine et à George Sand, il improvise un panthéon végétal où l’on voit figurer toute la littérature militante, des bohèmes d’il y a dix ans, qui sont des hommes mûrs et laborieux aujourd’hui ; des romanciers qu’on aime, des polygraphes qu’on recherche, des poètes dont on chante les vers par toute l’Europe. Dans la fougue de sa bienveillance, ne s’est-il pas avisé, en même temps, de me comprendre dans cette foule glorieuse ? Eh ! mon Dieu ! oui, sur la foi de quelque feuilles volantes, écrites au courant de la plume pour être oubliées le lendemain ou emportées par le vent du caprice et de l’actualité, il s’est imaginé que j’avais aussi, comme tant de camarades, un peu de cette dorure éphémère qu’on