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qu’une acclamation, rhonneurintimedeleur fidélité jusqu’aux revers, et le coucher de leur gloire qui allait avec leur chef disparaître derrière les arbres de la forêt et derrière les vagues de la Méditerranée. Elles enviaient ceux deleurscompagnonsàquile choix ou lesortavaitaccordé la faveur de s’exiler dans son île avec leur empereur. Les tètes étaient baissées, les regards ternes ; des larmes roulaient sur les joues hâlées par la guerre. Si les tambours avaient été voilés de crêpes de deuil, on eût dit les obsèques de l’armée à son général. Napoléon lui-même, après un premier coup d’œil martial et sévère sur ses bataillons et ses escadrons, eut un attendrissement rare dans le regard. Que de journées de guerre, de gloire et de puissance cette armée ne lui rappelait-elle pas ! Où étaient ceux qui l’avaient composée pendant qu’elle parcourait avec lui l’Europe, l’Afrique et l’Asie ? Que restait-il de ces millions d’hommes dans ce noyau sous ses yeux ? Et cependant ce reste était fidèle. Il allait s’en séparer pour toujours. L’armée, c’était lui. Quand il ne la verrait plus sous ses yeux, que serait-il ? Il devait tout à l’épée, il perdait tout avec elle. Il hésita quelque temps avant de descendre. Il parut vouloir rentrer machinalement dans le palais.

Il se raffermit, se reprit, descendit les marches pour Sb rapprocher des soldats. Les tambours lui rendirent