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« année de sinistres a fait oublier quinze ans de victoi « res. On m’abandonne, on me sépare de ma femme i et de mon fils ! L’histoire me vengera. »

Puis il parla avec une apparente impartialité des Bourbons. « Entre les vieilles races et les peuples re « nouvelés par la révolution, il y a des abîmes, dit-il. « L’avenir est chargé d’événements. Nous nous rever « rons, mes amis !… Demain je ferai mes adieux à mes « soldats. »

Ce lendemain se leva enfin. Les commissaires, respectueux jusque dans leur surveillance, avaient demandé à l’empereur d’arrêter l’heure du départ. Il avait fixé le milieu du jour.

Ce qui lui restait de cour, c’est-à-dire les généraux de sa garde et quelques officiers de sa maison, Belliard, Gourgaud, Petit, Athalin, Laplace, Fouler et quelques familiers de son intérieur, se réunirent à dix heures dans le salon qui précédait son cabinet, avec les commissaires étrangers, petit et funèbre cortège inaperçu dans un palais jadis trop étroit pour ses pompes. Le général Bertrand, grand maréchal du palais, fier de sentir en lui une fidélité au-dessus de tous les exils, annonça l’empereur. Il sortit le visage calme et composé. Il traversa la file de ses derniers amis, saluant et tendant à droite et à gauche sa main qu’il retirait