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sente se dessine comme foulée par le pied furtif des Fées et des nymphes bocagères ; les épines se rangent, les ronces dénouent leurs filaments, les rameaux se redressent comme dans les forêts enchantées, quand on a prononcé le mot magique ; la route devient aisée, quoique presque invisible. Aux carrefours douteux vous trouvez sur les pierres blanches des flèches qu’on croirait tombées du carquois de Diane, leur pointe vous dirige vers le but : un grès d’une difformité curieuse, une grotte aux accidents pittoresques, un arbre séculaire ou historique, un point de vue d’une étendue immense. Tendant que vous cheminez vous entendez parfois remuer dans les feuilles, vous croyez que c’est un oiseau effrayé qui s’enfuit, un lapin qui regagne son gite ; — nullement : c’est Sylvain qui vous accompagne de sa protection bienveillante, et rit doucement lorsqu’il voit l’admiration pour sa chère forêt se peindre sur votre figure ; confiez-vous à lui et n’ayez aucune crainte, il vous ramènera toujours à l’auberge où le poulet se dore devant le foyer, où l’écume rosë du vin mousse à la gueule du broc, et pour cela vous n’aurez pas besoin de lui offrir des sacrifices comme au temps où son effigie de marbre, couronnée de feuilles et de pommes de pin, se dessinait blanche sur le fond sombre des bois de Grèce çt d’Italie. Tant d’exigence n’irait pas à un dieu tombé. Quelquefois la nuit il rencontre Irmensul, le dieu gaulois rentré depuis des siècles dans le cœur des chênes, où l’on taillait à coups de serpe sa