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de voir. Elle a une façon à elle d’interpréter les rôles les plus délicats, les plus risqués, et on est toujours sûr, où qu’où la prenne, de ne pas regretter d’avoir été l’entendre.

Le drame, cependant, se déroulait devant nous, et la salle subissait les émotions diverses qu’entraînait chacune des péripéties. On avait vu tour à tour le prologue qui se passe dans l’Inde, le mariage et l’arrivée de Pauline au château qui sert de repaire aux brigands. La salle devinait que quelque chose d’affreux allait se passer, surtout quand la toile, se levant, montra les trois détrousseurs de grand chemin au milieu d’une orgie, pendant qu’une femme, capture vivante, pleurait, fortement attachée sur un lit dans une alcôve reculée. Le spectateur avait été naguère témoin des angoisses de Pauline, et ces angoisses passèrent toutes dans son cœur, quand le comte Horace de Beuzeval assassina froidement la femme captive pour la dérober à la luxure de ses compagnons. L’acte est atroce et ou ne pourrait assister froidement à cette scène quand la présence de Pauline vient détourner l’attention. Quand madame Person joue la pièce, cette présence est un véritable coup de théâtre. Pauline a tout vu derrière une porte et elle sait désormais qu’elle est la femme de l’un de ces malfaiteurs qui désolent la Normandie. Certes, cette situation est terrible, et j’en connais peu au théâtre qui empoignent plus étroitement un parterre. Mais je ne connais personne, aujourd’hui, capable