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A Paris, semblable affiche m’aurait peu séduit, mais à Fontainebleau, c’était tout différent. On est toujours bien aise de voir comment se jouent en province les pièces qu’on a applaudies sur les scènes parisiennes. La comparaison fournit même plus d’un enseignement à notre expérience dramatique.

J’allai donc au tbéâtre, et tout d’abord je fus enchanté de me trouver fort commodément assis dans une bonne stalle d’orchestre. Je regardai la salle et la trouvai charmante, coquette et simple à la fois ; elle a les ornements qui conviennent à une salle dont les prétentions ne peuvent s’élever bien haut, et cependant elle ne déparerait pas certains de nos passages qui s’enorgueillissent d’une salle de spectacle fort malpropre.

La toile se leva, la lumière du lustre tombait en plein sur la scène, de telle sorte que, de l’orchestre où je me trouvais placé, je ne perdais rien de ce qui se passait sur le théâtre. On jouait d’abord Pauline, le grand drame. La petite pièce pour rire avait été réservée pour la fin, comme le dessert dans un repas.

Je ne sais pourquoi j’aime beaucoup le drame de Pauline. Quoique écrit il y a cinq ou six ans à peine, il me rappelle une époque bien plus éloignée où la littérature française exploitait volontiers d’imaginaires excentricités sociales. Le contraste était la loi de cette littérature. Le grand seigneur de cour avait l’âme d’un laquais, et l’homme à livrée le cœur d’un gentilhomme.