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et deux petits neveux dont je suis l’unique soutien ; que ne puis-je mettre ces pauvres anges à vos pieds et leur faire demander grâce pour leur oncle !

« Tu étais de ces pauvres anges-là, toi, capitaine.

— Oh ! fit le capitaine, caressant sa moustache, si je m’étais trouvé là, moi, mon oncle ?

— Oui, avec une pièce de quatre, reprit le chanoine, sans faire attention à la mauvaise humeur du capitaine, qui, ne sachant à qui s’en prendre, écrasait les tisons du talon de sa botte.

« Je dis au père Dinot beaucoup d’autres choses encore que je trouvais fort touchantes ; je pensais avoir attendri mon homme ; mais son œil de pierre ne s’était point humecté, sa face de bourreau avait toujours la même expression ; il jouait avec ma vie comme un chat avec une souris, qu’il se jette d’une patte à l’autre. Il aiguisait toujours son terrible couteau.

« A mesure que l’espérance s’en allait, la résignation me revenait avec le courage.

« — Allons, père Dinot, m’écriai-je, il faut pourtant en finir. Votre couteau est assez aiguisé comme cela. Je n’ai pas la peau si dure que vous le croyez.

« — Suivez-moi donc, puisque vous êtes si pressé, répondit le père Dinot.

« Et il voulait me prendre le bras pour m’aider à marcher. Je résolus de vendre au meurtrier chèrement ma vie.

— A la bonne heure ! s’écria le capitaine, je reconnais