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a fonctionné, aiguisant son couteau qui allait et revenait d’un mouvement égal sur la pierre. Je fermais les yeux pour ne pas voir ces terribles objets, mais je les voyais encore, comme s’ils eussent été dans ma paupière. Je ne pouvais me rappeler comment et pourquoi j’étais là, et il me semblait qu’à chaque instant j’allais me réveiller d’un cauchemar.

« Une bouteille était auprès de moi, sur une table ; j’avais soif, j’en pris un verre de vin et le vidai d’un seul trait. Ce vin, quoiqu’il ne fût pas des meilleurs, me rendit un peu d’énergie. Je fis un effort pour fléchir mon assassin :

« — Oh ! monsieurDinot, m’écriai-je, pourquoivoulezvous me tuer ? Si c’est pour mon argent, je n’en ai point. Attendez que je sois devenu curé d’une riche paroisse. Je n’ai que cette montre d’argent qui me vient de mon père, et dont je ne croyais jamais me séparer ; prenez-la, mais du moins laissez-moi la vie.

« — Voyons cette montre ; va-t-elle bien ? dit le père Dinot en l’approchant de son oreille.

« — Oh ! mon bon monsieur Dinot, elle va mieux que l’horloge de la paroisse.

« —Eh bien, gardez-la pour régler l’horloge de la paroisse ; j’en ai plus que vous de montres. Et il ouvrit un tiroir où il y en avait en effet bien une douzaine. Puis il se remit à aiguiser son couteau.

« — Encore une fois, continuai-je. monsieur Dinot.