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« — Faites-moi plutôt l’honneur de venir dîner un de ces jours au presbytère, et amenez avec vous ce bon monsieur Nicolas, l’aîné de vos fils. J’ai eu envers lui des torts dont je veux qu’il me demande raison le verre à la main.

« — Ce bon Nicolas va rentrer à l’instant, répondit brusquement le père Dinot ; vous le trouverez tout disposé à vous demander raison des torts que vous avez eu envers lui.

« L’arrivée prochaine de Nicolas acheva de me faire perdre la tête, je me déterminai à prendre la fuite à travers la forêt. Mais, au regard oblique que je jetai sur le chemin, le père Dinot devina mon intention, et il arma son fusil. J’ai encore dans les oreilles le craquement de la batterie. Il me prit par le bras :

« — Allons, dit-il, pas tant de cérémonies, entrez ; n’avez-vous pas peur que la maison vous tombe sur les épaules ?

« — Puisque vous l’ordonnez, monsieur Dinot…

« Quand nous fûmes entrés, le père Dinot ferma la porte à verrous et posa son fusil contre le mur. Il ouvrit ensuite une grande armoire en chêne qui était à côté dela fenêtre. C’était un véritable arsenal que l’armoire du père ; il y avait là des pistolets de toutes les tailles, depuis le coquet et l’élégant pistolet de poche, jusqu’au gros et massif pistolet d’arçon ; des fusils de tous les calibres, depuis la canardière efflanquée dont la balle porte aussi loin que le regard, jusqu’au robuste mousquelon ;