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qui s’étendaient au-dessous de moi, onduler comme un lac sous un souffle de vent ; les regards de la multitude se dirigeaient vers le jeune Dinot. Celui-ci se leva, posa son grand chapeau à deux cornes sur sa tête, et, levant le poing vers moi : « Monsieur le curé ! s’é « cria-t-il, vous vous en repentirez ! » i’uis il s’éloigna La foule, qui ce jour-là était compacte et serrée, se divisa devant lui comme les vagues de l’Océan devant la proue d’un navire. Moi-même je restai si interdit, que je ne pus, de quelques minutes, reprendre le cours de mon sermon. Seulement, le sacristain ayant cru devoir, par égard pour ses fonctions, avertir Dinot de se découvrir, reçut l’épithète de rat d’église et un coup de pied dans le derrière. Je voulais dénoncer au bailli le scandale fait dans la maison du Seigneur et le coup de pied donné à un sous-officier de l’église dans l’exercice de ses fonctions ; mais tous les gens sensés de la paroisse, et le sacristain lui-même, m’en détournèrent ; de sorte que, ne pouvant faire mieux, je pardonnai.

« L’hiver suivant, je revenais de Fontainebleau. C’était par une belle après-midi de décembre. Je suivais lentement, mon parapluie à la main, mon bréviaire sous le bras, la route dont j’ai parlé au commencement de cette histoire. La menace de Dinot, menace déjà suivie de l’effet, car je commençais à m’en repentir, me revenait sans cesse à la mémoire, et l’idée que je devais passer devant leur repaire ine tourmentait cruellement. Pour être débarrassé plus tôt de mon appréhension