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Six mois s’étaient écoulés.

On répandit tout à coup le bruit que l’empereur Charles-Quint s’apprêtait à descendre les Pyrénées, afin d’aller châtier les bourgeois brabançons et gantois qui s’étaient révoltés.

Mais, pour aller à Gand, il fallait traverser la France, et, par conséquent, recevoir l’hospitalité du roi français.

Un jour, la belle Anne de Pisseleu, duchesse d’Étampes, en ce moment maîtresse en titre du roi, se promenait avec lui dans celte forêt de Fontainebleau, qui est si bien faite pour être le nid de tous les amours.

— Sire, disait-elle au prince, l’ours descend de sa montagne. Est-ce que vous ne trouvez pas qu’il serait piquant de le mettre quelque temps en cage ?

François 1er avait répondu par un sourire étrange, qui pouvait signifier, au gré de la belle dame : « Je ne dis pas oui, mais je ne dis pas non, non plus. »

Aussi le jour même de l’arrivée de Charles-Quint dans ce même palais de Fontainebleau, qui a été le théâtre de tant d’acteurs historiques, bouffons ou terribles, le roi de Pavie dit à l’empereur :

— Sire, vous êtes ici chez vous.

— Pour huit jours, sire ; je vous en dois mille grâces. Et comme on lui avait servi des fraises des bois dans un saladier de vermeil :

— Par Dieu ! je devrais remercier les Gantois de s’être insurgés, sire.