Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/300

Cette page n’a pas encore été corrigée

a « des modes pour les paysages, » et que Fontainebleau a été trop longtemps dédaigné par la mode.

Si j’ai de la mémoire, et si je n’oublie personne, le premier écrivain éminent qui rendit justice à la forêt depuis les poëtes de la Renaissance, fut l’auteur d’Obermann. Ce n’est pas, à mon avis, un des moindres mérites de M. de Sénancourt que d’avoir indiqué le premier, dans une prose limpide où l’élégante et sobre netteté du français du dix-huitième siècle se marie à une poésie mélancolique et rêveuse d’un sentiment tout moderne, le véritable caractère pittoresque de Fontainebleau. Personne ne peut lui enlever ce titre à la reconnaissance de tous ceux qui aiment la nature d’un cœur sincère. Quant à moi, le mérite de M. de Sénancourt me paraît d’autant plus grand, qu’il écrivit son livre en plein Empire, c’est-à-dire à l’époque de notre histoire littéraire et philosophique la plus inféconde et la plus ennuyeuse, à une époque où la bêtise, — disons le mot sans periphrase, lorsqu’il s’agit de rappeler le règne absolu de la périphrase, — était d’autant plus applaudie, qu’elle prenait en vers ou en prose l’air le plus solennel. • — Elle n’en prenait jamais d’autres.

THÉODORE PELLOQUET.