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mot, sauf « les genêts, » qui rappelle Fontainebleau et les beautés d’un caractère si saisissant et si local. C’est une forêt de rhétorique que cette forêt-là. Rien ne manque pourtant à la description, sauf l’exactitude ; pour mieux dire, le poëte a vu et surtout entendu sous ces « ombrages ignorés » toutes sortes de belles choses qu’ils n’ont jamais abritées. Ses « frais ruisseaux » et son « onde qui murmure avec mollesse » n’ont jamais arrosé que les tapis verts d’un jardin anglais. L’eau brune moirée de reflets d’acier qui croupit dans les mares, ou qui filtre lentement à travers les grès moussus, n’a jamais eu envie de murmurer.

Il ne faudrait pas conclure de ce qu’on vient de lire que je suis l’adversaire systématique de M. de Chateaubriand, ni que je prétende refuser le don de la poésie descriptive au peintre du Meschacebé. Ceux qui ont vu ailleurs et dans d’autres temps le nom obscur qui signe aujourd’hui ces lignes se tromperaient en me prêtant des sentiments hostiles à une glorieuse mémoire. Les fils de Voltaire et de la Révolution ne doivent plus rester les adversaires du pair de France de 1830, demeuré fidèle à ses serments ; et les Mémoires d’Outre-Tombe peuvent bien leur faire oublier certains chapitres du Génie du Christianisme.

Encitant les vers plus quemédiocresdeM. deChateaubriand, je n’ai donc eu aucune intention d’épigramme ; mais j’ai seulement voulu rapporter un exemple illustre à l’appui de ce que je disais tout à l’heure : qu’il y