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L’enthousiasme dura jusqu’à Malherbe, et, dans les vers où il dépouille la poésie française de la robe ionienne pour la revêtir des longs habits de la muse latine, on retrouve encore plus d’un éloge de la forêt. Pourtant il est juste de dire que les éloges de Malherbe s’adressent plutôt au château et au parc qu’aux majestueuses solitudes du Bas-Préau ou aux austères paysages des gorges d’Apremont. Cela se conçoit : le parc et le château étaient l’œuvre des rois de France, tandis que la forêt n’était que l’œuvre de la nature, et le « restaurateur de la poésie française » entendait trop bien ses intérêts pour oublier que la nature ne donne pas de pensions.

L’académicien Guillaume Colletet partageait les sentiments de Malherbe, à en juger par une pièce de vers dont voici le début solennel :

Père sacré du jour, beau Soleil, sors de l’onde,
Et viens voir avec moi le plus beau lieu du monde ;
C’est du plus grand des Rois le superbe séjour,
Fontainebleau, nommé les Délices d’amour !

Il convient de dire que le poëte qui proposait au blond Phœbus de le mener à la cour de « Louis le* Juste et du grand Armand, » n’était pas le pauvre diable « crotté jusqu’à l’échiné, » si malmené par Boileau, — mais son père.

Quoi qu’il en soit, la forêt de Fontainebleau est déjà