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le mauvais goût ou l’ignorance des hommes, son triomphe ne fut pas de longue durée. On était au commencement du seizième siècle. L’Humanité se réveillait du sommeil où l’avait plongée la barbarie du moyen âge. Il semblait que la Nature, jusqu’alors garrottée par des liens de glace, les voyait se détendre et se fondre à la douce chaleur d’un soleil printanier. On appela cette époque réparatrice, celte glorieuse saison de l’histoire, le siècle de la Renaissance. Tout renaissait en effet, la Nature et l’Homme, l’art, la science, la poésie. On retourna aux anciens dieux, aux vrais, aux seuls dieux des poètes, des peintres et des sculpteurs ; Apollon et ses Muses regagnèrent les sommets du Pinde, l’Olympe revit Jupiter et sa cour pendant que Diane et ses lévriers, les faunes et les syl vains, les nymphes des fontaines et les fleuves aux barbes limoneuses, redescendus sur la terre, rentraient en possession des domaines d’où les avaient chassés l’intolérance et l’hypocrisie. C’était l’aube matinale d’un jour radieux succédant aux épaisses et froides ténèbres d’une longue nuit. Aussi la Nature et l’Homme, que l’obscurité avait fait se méconnaître pendant tant de siècles, se reconnurent et scellèrent leur alliance dans un ineffable embrassement.

Sous le règne des Valois, et même sous Henri IV, Fontainebleau et ses futaies furent en grand honneur ; Ronsard, du Bellay, et toute la pléiade, y logeaient volontiers les divinités bocagères renouvelées des Grecs.