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et une fois le soir. Dans la journée on mange un bon morceau de pain avec ce qui se trouve, une prune, une poire, du fromage ou des noix. Pour les vêtements, ils sont toujours à peu près comme vous les voyez, pas trop cossus, excepté le dimanche pour aller à la messe… Ce jour-là on a de rechange du linge blanc de lessive, c’est notre luxe à nous ! Quant au logis, ce n’est pas celui d’un prince : deux petites chambres bien simples, un grenier pas mal grand et un caveau pour notre boisson de genévrier, le tout pour quatre-vingts francs par an. C’est une somme, mais on arrive « à la trouver sans rien demander à personne.

— Votre conduite est bien digne, ma bonne femme, il est beau d’accepter ainsi avec courage la part que Dieu nous fait en ce monde ; il faut espérer que vous trouverez dans l’autre une compensation pour vous, et votre mari, à toutes les fatigues et les privations que vous vous imposez pour élever vos deux petits enfants.

— Ajoutez à ces deux là les trois autres qui sont restés à la maison parce qu’ils sont encore trop jeunes et trop faibles pour faire et porter unfagot. Ah ! c’esteeuxlà, si vous les voyiez, les pauvres chérubins, que vous diriez qu’ils sont beaux, car ils ne sont pas les plus vilains de la nichée, sans vouloir faire tort à celles-ci !… Il faut vous dire aussi qu’il nous en est mort un petit l’an dernier. Ça nous a fait un bien grand chagrin. C’est bête ! car il est bien plus heureux là haut ; et pourquoi le bon Dieu ne les a-t-il pas pris tous du mf’me coup ?