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qu’il faut frapper bien fort pour en tirer le pavé ; mais

que voulez-vous ? quand c’est la destinée !… »

Le récit touchant de cette pauvre mère de famille nous avait vivement émus, et la vue de ces petits enfants groupés auprès d’elle nous rappelait le tableau si poétique des Orphelins d’Ary Scheffer.

« Et comment, reprîmes-nous, pouvez-vous ainsi, seule, subvenir à tous vos besoins ?…

— Oh ! je ne suis pas seule, Dieu merci, réponditelle vivement ; mon mari est vivant, et il travaille ses quinze bonnes heures par jour à la terrasse ; il est vrai que la besogne ne manque pas, mais la jeunesse n’y est plus, et ça fatigue…

— Et combien gagne-t-il ainsi courbé sous le soleil pendant tout le jour ?

— Ah ! pour ça, ce n’est pas lourd : trente-cinq sous quand il ne pleut pas, et, comme cette année l’eau n’a pas manqué, il a malheureusement chômé bien souvent.

— Mais comment avec si peu trouvez-vous le moyen de vous nourrir, vous vêtir et vous loger ?

— Ah ! dit-elle, il faut de l’économie pour y arriver, sans compter encore qu’il faut faire comme la fourmi, penser à l’hiver. Vous voyez qu’il n’en doit pas rester gros pour la caisse d’épargne. Ab ! si on avait des défauts, ajouta-t-elle naïvement, on pourrait se faire des reproches ; mais on vit si simplement !… Pour les repas, je trempe la soupe deux fois par jour, une fois le matin