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rompit le silence qui régnait autour de nous. Ce bruit était causé par une pauvre vieille femme, suivie de deux petites filles qui s’occupaient à ramasser des branches de bois mort sur leur lit de mousse et de bruyère. Dans cette pauvre femme nous reconnûmes une de ces marchandes de la forêt qui offrent aux voyageurs, moyennant quelques sous, des petits morceaux de grès naturellement cristallisés et ciselés qu’on exhume de la profondeur des couches de sable sous des milliers de roches grises.

Elle s’approcha de nous, et, nous présentant une corbeille d’osier toute remplie de ces petites pierres, elle nous demanda si nous voulions en faire un choix. Nous en prîmes deux contre une pièce de deux francs que nous lui offrîmes. « Oh ! vous me donnez beaucoup trop, nous dit-elle, je ne vends mes petits cristaux que dix sous pièce, et les plus beaux encore. Si vous vouliez m’en prendre deux autres, nous serions quittes, et je n’aurais pas à vous rendre sur votre pièce.

— Gardez tout, ma bonne femme, lui dîmes-nous ; ce n’est encore que trop peu payer le mal que cela vous donne, et puis ce sera un peu plus à ajouter à la dot de ces charmantes petites filles qui vous accompagnent, si toutefois elles sont à vous.

— Hélas ! nous dit-elle, ce sont deux enfants à moi maintenant, puisque leur mère est morte et leur père aussi !… Il était carrier, lui ; c’est un état, voyez-vous, où l’on ne vieillit jamais. La roche est si dure, si dure,