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tombant sur lui, de sa contenance et de sa mine…

— N’importe !

« Il est bien heureux ! »,

Une grande émotion m’avait gagné ; elle me fit monter aux yeux des larmes qui, pour un instant, troublèrent ma vue. Ces larmes essuyées, je voulus regarder encore : la même multitude, le même public était encore là, mais on ne jouait plus le Devin du village. Le théâtre, ouvert par le fond, permettait de voir dans une chambre du palais. Un homme y était assis devant un maigre petit guéridon en acajou et de forme vulgaire. Il tenait à la main une plume que dix fois il remit, et que dix fois il reprit, sur la table couverte de papiers.

C’était Napoléon.

On le vit appuyer son front sur sa main et longtemps tenir ses yeux d’aigle sur une feuille qu’il venait de remplir. C’était l’acte d’abdication. « Il n’a pas encore signé, » murmura-t-on près de moi. En cet instant le silence était si grand parmi cette immense foule, qu’il effrayait presque. — Voici que l’empereur détourne ses regards du papier suprême pour les attacher à un portrait… C’est celui de son fils ; longtemps aussi il regarde cette petite tête blonde, et, en la regardant, on sent que l’empereur voudrait bien que l’homme put pleurer. Quelques instants encore il étreint son front dans ses deux mains ; enfin, elles retombent et le laissent voir très-pâle. Il étend alors le bras devant lui