Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/286

Cette page n’a pas encore été corrigée

matin même, à Fontainebleau, achevé Sëmiramis. En face de lui, c’est Boucher, le peintre qu’on dit écraser des roses sur sa palette pour en peindre les amours. Les grands spectateurs ne manquent pas à l’opéra nouveau ! «

— Quel opéra ? demandai-je encore sans qu’on me répondit davantage.

« L’amour croît s’il sHnquiète… » chantonnaient de certaines carpes, et elles s’interrompaient pour dire : « Ah ! ah ! Jelyotte entre en scène, et mademoiselle Fel avec lui… Les chœurs aussi chantent bien, ce sont les chœurs de l’opéra.. Le roi semble ravi ; le voici qui donne le signal des applaudissements : Bravo ! bravo ! »

— Mais, où donc est l’auteur ? l’auteur, quel est-il donc ? redemandai-je, et quel est donc cet opéra ?

<f Eh ! mais, dirent à la fin les carpes, c’est le Devin du village… »

— Mais où donc est l’auteur ?

« Là-bas, là-bas, dans cette petite loge, derrière M. le duc d’Aumont. Voyez-vous cet homme qui se cache : un homme vêtu de couleurs sombres, aux cheveux mal poudrés, la barbe non fraîchement faite ; le voyez-vous ? on applaudit, il rougit ; on applaudit davantage, il pâlit ; tout le monde est dans l’enthousiasme, le roi lui-même semble chercher l’auteur ; alors M. le duc d’Aumont se lève et le laisse voir : c’est lui, JeanJacques Rousseau, le citoyen de Genève… Il pâlit et rougit encore plus fort, il souffre même un peu des regards