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fond sur les pelouses, s’agitaient des grands d’autrefois : guerriers, poètes, magistrats, prêtres, politiques, savants, toute la gloire et toute la honte, toute la courtisanerie et toute la chevalerie des siècles écoulés. Du monde partout, sur les arbres, sous les arbres, dans les arbres, sur les toits ! tous les Ôtres ayant passé à Fontainebleau, même tous ceux qui devaient y passer, c’est-à-dire, là-bas, entre les ormes, et comme en route pour venir : Lantara, le peintre gardeur de vaches ; le chevalier Gluck, se rendant chez son élève couronnée ; Louis XVI achevant les ferrures d’une croisée ; MarieAntoinette cherchant Gluck dans la foule ; Pie VII, le pape captif, prêt à dire la messe à la chapelle SaintSaturnin ; Louis XVIII, allant recevoir Caroline de Naples ; Charles X, tenant du bout des doigts la charte déchirée : Louis Philippe, réduisant des comptes d’architectes ; la princesse Marie, un ébauchoir à la main ; Marie-Christine bannie… bien d’autres encore ! Et, entre ceux-ci, parmi les plus humbles, un petit homme au fin sourire, Béranger, murmurant le refrain d’une de ses dernières chansons :

Faites l’aumône aux derniers de vos rois ! »

Du monde ! il y en aurait eu vraiment jusque sur les nuages, s’il y eût eu des nuages au ciel ! Mais le ciel était d’une resplendissante sérénité, et, pour éclairer ces générations amassées, il s’en était détaché d’énormes