Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/283

Cette page n’a pas encore été corrigée

en ce lieu avec sa suite, et l’on s’est grisé si bel et bien, que… » En cet instant des barques abordaient au pavillon, on y ramassait, tout endormis et comme un peu morts, Pierre le Grand et ses convives, et l’on reprenait la direction de la cour de la Fontaine.

Après l’épouvante, le dégoût entrait en moi ; un dégoût si vif, que je fermai les yeux. Je voulais ne pas voir le débarquement du czar. — Le son du cor s’était rapproché, et voici que d’autres instruments s’y mêlaient, qui faisaient une musique inattendue, toute sautillante et toute légère. En même temps, les carpes se mettaient à fredonner des airs, les unes : « J’ai perdu mon serviteur… » les autres : « A jamais, Colin, je t’engage… » Je rouvris les yeux ; le temps de les fermer avait suffi pour des transformations bizarres.

La salle de spectacle de Louis XV était maintenant au fond de l’enceinte qui fait face à l’étang, à la place même de la ga’erie de François I". Les parois du fond avaient disparu et laissaient voir la cour du bien-aimé remplissant les loges et le parterre. Autour de la statue d’Ulysse s’entassait une multitude bigarrée, décorée, chamarrée, qui, au nord, rejoignait le public de la salle, et, au sud, s’appuyait à la balustrade de l’étang. Aux fenêtres des constructions élevées par François Ier, Charles IX, Henri IV et Louis XIV, se pressaient ces rois eux-mêmes avec leurs architectes, leurs peintres, leurs sculpteurs. Tout autour de l’étang : ici, sous les tilleuls gigantesques ; là, dans le jardin anglais et au