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velours noir s’avançait en souriant au milieu d’une phalange de jeunes filles. Elle était belle, cette femme, encore belle du moins : taille élégante, teint blanc, œil vif, facile sourire, jambe fine se laissant volontiers voir… Mais les jeunes filles ! il y en avait certes plus d’une centaine, de nations diverses, d’attraits différents, de costumes dissemblables ; toute une voie lactée de beautés éclatantes illuminant la terre ! « La grande Florentine, dirent les bavardes de l’étang ; la reine Catherine et son escadron volant, l’escadron de Vénus !… » J’en remarquai une, moi, de ces étoiles vivantes : Dieu d’amour, qu’elle était belle ! avec ses grands regards bleus, et sa petite bouche rose, et ses touffus cheveux dorés qui semblaient éclairer ses épaules nues ! Je m’approchai… Mais, plus vif encore que mon désir, l’escadron de Vénus passa… et, au bout du chemin qu’il avait pris, et où le suivaient mes yeux enamourés, au-dessus des fenêtres de la salle de bal, sous la coupole du portail qui sépare la cour de Henri IV de la cour du donjon, et qui dominait en ce moment toute l’architecture de Fontainebleau bouleversée, je vis qu’en présence de la cour et du peuple on baptisait Louis XIII.

Je n’avais pas cessé d’entendre les fanfares du Grand Veneur. La chasse faisait, je crois, le tour de la ville par la forêt, bondissant rapide sur les bords de cette vaste coupe d’émeraudes, au fond de laquelle on dirait de Fontainebleau une perle jetée par un caprice antique.