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Un soir donc de l’été 1846, je goûtai pendant un certain temps le plaisir si cher au laboureur des Mille et unenuits. — J’étais sorti de l’hôtel de YAigle noir par un riant clair de lune ; et, dans une disposition impressionnable, la tête un peu chaude, le cœur battant.bien et tout prêt à s’ouvrir, je rêvais en marchant au bord de l’étang. Bien des fois, sous les tilleuls vénérables de l’avenue de Maintenon, j’allai du nord au sud et je revins du sud au nord. En allant, j’avais pour horizon les sombres masses vertes du mail d’Henri IV et de la plaine des pins, et, au delà, la verdure touffue qui recouvre les rochers Bouligny, amphithéâtre splendide de bouleaux, de pins et de chênes, noyé davantage à chaque instant dans d’épaisses vapeurs violettes ; en revenant, je voyais devant moi la porte dorée, la cour d’Ulysse, le pavillon de Saint-Louis, les fenêtres à plein cintre de la galerie de Henri II, et cet amoncellement de palais à travers lequel a passé toute la monarchie. D’un côté, j’entendais bruire les arbres du parc sous les souffles de la nuit, de l’autre j’entendais les carpes, contemporaines des tilleuls, secouer par instants leurs larges écailles à la surface de l’eau.,. Et quand mes yeux se portaient de ce côté, ils étaient longtemps retenus par le pavillon hexagone qui s’élève au milieu de l’étang, et dans la solitude duquel se sont accomplies tant de choses qui devaient redouter trop d’yeux ou trop d’oreilles.

Insensiblement, je marchai plus vite. Sous.l’influence