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son rival dans l’esprit de la reine. Pour mettre le comte en faute de négligence et d’oubli, il intercepta ses lettres ; les chroniqueurs du temps vont jusqu’à dire qu’il en composa de fausses, pour le faire paraître coupable de trahison.

Éclairée par le chevalier de Sentinelli, Christine s’aperçut à la fin de ces menées ; sa colère, à cette découverte, ne connut pas de bornes ; elle se laissa aller à tous les emportements d’une femme furieuse, et résolut de tirer de ces actes répréhensibles une vengeance éclatante dont il serait longtemps parlé.

L’exécution ne tarde pas à suivre le dessein. Deux gardes sont envoyés à la recherche de Monaldeschi et d’un prêtre. Le prêtre arrive le premier ; c’était le père Mantuoni, attaché à la chapelle de la reine. Mantuoni reçoit un paquet de lettres ; on lui annonce en même temps qu’il aura à confesser un coupable condamné à mourir. « Ce coupable serait mis à mort en Suède, mais la reine veut que la sentence soit exécutée dans la galerie de Fontainebleau. — Qu’importe au prêtre ? c’est toujours un jugement. » Mantuoni ne trouve rien à répliquer, et consent à accomplir la difficile mission dont il est chargé ; il attend tristement la victime, tandis qu’autour de lui tout se prépare pour l’exécution dans la galerie des Cerfs.

Monaldeschi arrive enfin ; un secret pressentiment l’agite ; pourtant il est sans armes, point d’épée ni même de poignard. Depuis longtemps, se sachant