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même qu’on dût l’en remercier. La nature l’avait, selon lui, placé là pour offrir des chemins à ce pays, à cette forêt, au passant.

Il fit ainsi Cent Cinquante Kilomètres de routes, et vingt promenades au moins. De plus il dressa une carte générale de tout le terrain, autrement fidèle et sûre que la grande carte du cadastre, si laborieusement, lentement et coûteusement exécutée cependant ; tout cela au milieu de contrariétés inouïes, d’empêchements, de froissements, de railleries à tout rompre ; sans compter les dangers, dont il ne parle jamais. Ceux qui recevaient son argent riaient de lui, et le montraient comme un fou à leurs enfants et à leurs femmes. Quand il travaillait à ses énormes tours de force de la caverne du Serment, des Montussiennes, du rendez-vous du Chasseur-Noir ; quand il dotait délicieusement la forêt, si brûlante quelquefois, des fontaines Sanguinède et Dorly, les carriers épouvantés s’arrêtaient ou prenaient la fuite devant les rocs —immenses qu’il leur faisait ébranler : « Continuez, et je double ! Restez, et je triple ! Ne suisje pas avec vous ? » s’écriait le pionnier, intrépide en son enthousiasme. Il rendait ainsi la confiance à ces pauvres gens, et les forçait à regarder sans pâlir des mondes de grès chercher et trouver leur aplomb nouveau sur les arcs-boutants qu’il leur improvisait.