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avec les mêmes égards qui lui eussent été dus si elle n’eût pas remis son sceptre entre les mains de son jeune cousin, Charles X de Suède.

L’orgueil est toujours un fâcheux conseiller. Christine, sans approfondir les vues de Mazarin, ne vit dans la généreuse hospitalité qu’elle reçut qu’un juste hommage rendu à ses qualités et à son mérite personnels. Elle crut avoir conquis les sympathies et l’estime de l’élégante noblesse dont elle avait vu la couronne de France entourée. Aussi conçut-elle la pensée de venir briguer une seconde fois ses difficiles suffrages. Mais un cruel démenti l’attendait : son voyage n’avait pas été souhaité, et la cour chercha moins à prévenir ses désirs qu’à lui faire sentir l’incommodité et les embarras qu’elle causait par sa présence inattendue.

Les ministres lui envoyèrent l’ordre de s’arrêter au palais de Fontainebleau ; elle dut y résider pendant tout le temps qu’elle avait fixé pour son séjour en France, et il ne lui fut permis de participer aux fêtes de la cour que quand l’époque de son départ eut été déterminée, et seulement durant les quelques jours qui le précédèrent.

On conçoit tout ce qu’une réception aussi sévère et aussi peu cordiale dut amasser de fiel dans l’âme d’une femme orgueilleuse et vindicative. Si la cour en eût agi ainsi avec elle pendant les troubles de la Fronde, un ennemi puissant se fût certainement joint au bataillon féminin que Mazarin eut tant de peine a dis