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les honneurs, la richesse ; puis l’excès de la souffrance, les peines sans cesse accumulées et toujours renaissantes de l’atroce misère.

Le plus petit alcôve d’un château royal cache dans son histoire mille pensées de haine et d’envie. Fontainebleau ne manque pas à cette loi ; il eut ses hôtes célèbres, il a ses souvenirs de meurtre.

Comment oublier la haute naissance de Christine de Suède ? C’était la fille du grand Gustave-Adolphe, du héros suédois, dont la résistance immortelle aux troupes aguerries des Tilly et des Wallenstein put seule assurer en Europe le triomphe de la Réforme. Par un de ces caprices auxquels se reconnaît le doigt de la Providence, le grand guerrier, mort à Lutzen, qui voulut et qui sut par son seul génie se faire l’arbitre des destinées de l’Europe, fut privé d’un héritier direct à qui il pût transmettre ses larges pensées politiques et sa conviction religieuse.

Il lui fallait un fils réunissant comme lui à un saint enthousiasme pour la foi protestante le courage du militaire et la froide patience de l’homme d’État. Le ciel, toujours railleur, qui n’avait pas destiné la Suède au rôle brillant que lui assignait son monarque, se contenta, pour déjouer ses plans, de le priver de toute postérité mâle.

Gustave Adolphe n’eut qu’une fille, et sa couronne courut risque de tomber en quenouille. En vain ce génie malheureux essaya-t-ij de vaincre la nature elle-même ;