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de vue, des surprises, un roc tout à coup apparu, un chêne élancé de l’abîme, un genévrier contemporain des déluges, une plongée superbe sur une mer de feuillages, un horizon lointain avec ses clochers, son château, des villages, une ville, aboutissant imprévu d’un rayon que nul ne soupçonnait. Ainsi s’éveillait Louis XIV au temps des grandes flatteries, en trouvant une avenue le matin où la veille il avait regretté de ne voir qu’une plaine.

En même temps, chez Jacquin, l’imprimeur, notre Colomb sylvestre écrivait et publiait un itinéraire descriptif de chaque trajet nouveau, lequel prenait son voyageur par la main, le conduisait pas à pas et le ramenait au logis, en un style adorable de naïveté pittoresque. A l’itinéraire était jointe une carte de cette promenade, galanterie surabondante, magnificence d’amphitryon, comme la distribution du menu dans les dîners de grand seigneur. Et puis, un beau jour, le géographe s’en allait furtivement, un pot de peinture sous sa redingote, marquer ses arbres et ses rochers, afin que l’étranger triste ou pauvre pût dérouler seul le nTde ce labyrinthe, sans demander son chemin ni à un homme ni à un livre. Car il ne savait spéculer sur quoi que ce fût ; la vente de ses itinéraires ne fut jamais son souci : il se donnait toute sa peine pour le plaisir et ne songeait pas