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celui qu’il estimait le plus, et lui recommanda la noble femme. Puis, il donna encore quelques ordres et s’éloigna. Un instant après, un roulement de voiture se fit entendre dans la cour du château. Napoléon, frappé d’une sorte d’avertissement subit, s’élança en même temps hors de son appartement et demanda avec in quiétude au capitaine Antoine-Paul qui venait de partir ainsi :

— Sire, répondit le capitaine, c’est le maréchal Berthier.

— Berthier ! reprit Napoléon en pâlissant, lui aussi ! et sans me dire un mot !

Et l’Empereur se laissa tomber dans un fauteuil en se cachant la figure de ses deux mains.

Voilà ce que m’a raconté le capitaine Antoine-Paul, que j’ai surnommé le petit capitaine. Cet épisode a été la dernière scène de sa vie militaire, qui finissait à Fontainebleau, où elle avait commencé.

Antoine-Paul était entré, le 27 février 4807, à l’École militaire de Fontainebleau. Cette École était alors la pépinière d’élite où l’on formait à la hâte des officiers destinés eux-mêmes à commander, la plupart du temps, à des conscrits. Par une belle nuit, on voyait arriver un tombereau dans la cour de l’école. Il venait recruter une nouvelle fournée d’officiers. C’était dans cette sorte d’équipage qu’ils arrivaient sur le champ de bataille en chantant la Marseillaise (caria Marseillaise était tolérée à l’École militaire). Le commandant ne disait