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elle encore, mais il me semblait que lui seul avait dit que ce mot n’était pas français… » Son dévouement restait inconnu, il n’était même pas accepté ; on le reléguait dans l’antichambre. Oh ! quand cette noble femme se vit aux prises avec cette épouvantable déception, il y eut une de ces scènes qui font trembler le cœur et rougir le visage, tant elles ressemblent à un désespoir de l’humanité outragée. Son cœur se souleva pomme un océan gonflé d’orage, un flot de larmes vint battre ses joues et noyer son beau visage, et la secousse fut si terrible, que son corps s’affaissa sur lui-même ; la pauvre femme heurtait le parquet de son front, et, se débattant contre la violence de la douleur, elle saisissait avec ses mains les grands rideaux des fenêtres comme un naufragé se retient aux herbes du rivage. Berthier avait tout vu, tout entendu, tout compris ; il s’abîma tout entier dans la contemplation d’un cœur de femme aimante et noble qui se brise. Quand il releva la tête, il ne restait du maréchal et du guerrier que l’homme. Le charme était rompu ; la cristallisation était brisée ; il se sentait délié du devoir de fidélité. « On m’attend là-bas, se dit-il ; cette femme me donne un sublime exemple… Moi aussi, j’irai joindre celle que j’aime… Dieu est témoin que j’ai résisté autant qu’il est possible à l’homme de le faire, il me jugera… Du moins, elle ne me repoussera pas, elle ; oh ! je suis bien sûr qu’elle m’attend… » La comtesse s’était évanouie. Berthier fit appeler le capitaine Antoine-Paul,