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parlé au roi des services que vous rendiez à la foret en détruisant les vipères, il m’a dit de vous engager à continuer ; à chaque voyage il vous fera remettre une gratification sur sa cassette.—-Nous ne voulons accuser personne, mais Louis-Philippe revint trois ou quatre fois à Fontainebleau, et Guérigny ne reçut rien.

Voici maintenant une anecdote qui remonte à une douzaine d’années. — Un dimanche, vers les deux heures de l’après-midi, j’étais allé faire une promenade en forêt, j’avais pris les bas côtés du mail d’Henri IV. Il faisait chaud ; une haute futaie m’offrait son ombre rafraîchissante, un tapis de mousse parsemé de fleurs des bois, son moelleux coucher ; je m’étendis sur ce lit des amants pour rêver à mes amours à venir. Il y avait quelques minutes que j’étais là, quand j’entendis un bruit de pas et une douce voix murmurer : — Oh ! monsieur Emile, j’ai eu bien tort de vous suivre… Si on nous rencontrait ! —Puis une autre voix qui m’était bien connue, répondit : — Pourquoi avoir peur de moi, Marie ? n’avez-vous pas ma parole ?… — C’est égal, j’ai eu grand tort, voyez-vous ! Vous êtes d’une famille riche, vous serez notaire un jour, et moi, pauvre ouvrière, vous me laisserez ! —Je n’entendis pas le reste ; mais c’était bien Emile, mon second clerc : j’étais alors saute-ruisseau chez un notaire. Je me levai doucement et suivis à quelque distance les deux amoureux. J’avais seize ans, l’amour était un mystère pour moi ; et ma curiosité, coupable il est vrai, trouve