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plusieurs aventures, dont quelques-unes nous parurent douteuses. Entre autres histoires, il nous raconta qu’un jour, s’étant endormi dans un waggon qui le ramenait à Paris, son panier, contenant son gibier, était venu à s’entr’ouvir, et sept ou huit vipères se promenaient sur les bancs, à la grande frayeur de deux dames et d’un curé qui faisait route avec elles. Aux cris poussés par les trois voyageurs, notre chasseur de vipères fut vite réveillé, et reprit les indiscrets serpents que, dans sa précipitation, il pressa un peu trop, et qui le mordirent en plusieurs endroits. — Arrivé à Paris, dit-il, j’étais dans un état affreux ; j’avais les mains gonflées, la figure violette, je souffrais tant qu’il me semblait que j’allais passer. Cependant, en moins de trois jours, tout cela avait disparu et je me portais à ravir. D’ailleurs, messieurs, ajouta-t-il fièrement, je suis bien connu, j’ai été inscrit dans les journaux, moi !

Cet homme est Parisien et habite le faubourg SaintMarceau, qu’il quitte l’été, un mois environ, pour chasser, dans la forêt de Fontainebleau, les vipères, couleuvres, lézards, etc. La nuit il prend une roche pour abri, s’étend gaiement sur la mousse et dort en attendant le lever du soleil. Puis, quand la chasse a fourni suffisamment de reptiles, il revient à Paris les vendre aux peintres, aux pharmaciens, aux sculpteurs et aux fabricants de bronzes.

Guérigny, à qui je racontais les hardiesses de cet homme avec ses vipères, haussa les épaules en disant :